Temps de lecture 5mn
Dans le Zoom ESG du trimestre, Eres Gestion revient sur la conférence de Cali de 2024 (COP16) sur la biodiversité, qui s’est déroulée du 21 octobre au 1er novembre à Cali. Elle a réuni 196 pays pour fixer des mesures et des financements nécessaires à la protection de la biodiversité mondiale d’ici 2030. Malgré des engagements financiers initiaux et des avancées institutionnelles, la rencontre a mis en lumière des divergences persistantes entre pays développés et pays en développement, menaçant les objectifs ambitieux fixés par l’accord de Kunming-Montréal en 2022.
1. Des financements promis, mais insuffisants
Huit gouvernements, dont la France, ont promis une contribution de 150 millions d’euros au Fonds-cadre mondial pour la biodiversité (GBFF), créé en 2022 pour soutenir les initiatives dans les pays en développement, le portant à 370 millions d’euros au total. Ce montant n’est qu’un premier pas, loin des 200 milliards de dollars d’aide annuelle prévus d’ici 2030 pour répondre aux besoins globaux de financement en faveur de la biodiversité.
Pour combler cet écart de financement, les pays en développement ont exigé un nouveau fonds, distinct du Fonds pour l’environnement mondial (GEF) et sous gouvernance de l’ONU. Cependant, cette demande s’est heurtée au refus des pays développés, qui invoquent des raisons de coût et d’efficacité. La COP16 s’est finalement achevée sans solution tranchée à ce sujet, laissant une question centrale en suspens.
2. Création du fonds Cali pour un partage des bénéfices
Parmi les initiatives marquantes, la création du « Fonds Cali » représente une tentative innovante pour redistribuer les bénéfices issus des données génétiques de plantes et d’animaux originaires des pays en développement. Ce fonds vise à recueillir des contributions volontaires des entreprises (notamment pharmaceutiques et cosmétiques) qui exploitent ces ressources pour leurs produits. Cependant, l’absence d’obligation légale pour ces entreprises de contribuer crée des incertitudes sur le montant réel que percevra ce fonds et son impact potentiel.
3. Une représentation accrue des peuples autochtones et des communautés locales
Pour la première fois, la COP16 a intégré la création d’un groupe permanent dédié à la représentation des peuples autochtones et des communautés locales. Ce groupe assurera une meilleure visibilité et prise en compte de leur rôle essentiel dans la préservation des écosystèmes naturels, renforçant ainsi la gouvernance collaborative au sein de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique.
4. Objectifs Kunming-Montréal : Où en est-on ?
Adopté en 2022, l’accord de Kunming-Montréal avait fixé des objectifs ambitieux : protéger 30 % des terres et des océans d’ici 2030, et réduire de moitié les risques liés aux pesticides. Cependant, selon les rapports de l’UICN et du Programme des Nations Unies pour l’environnement, le rythme actuel est insuffisant pour atteindre ces objectifs.
Aujourd’hui, seuls 17,6 % des terres et des eaux intérieures et 8,4 % des océans sont protégés, bien loin des 30 % visés pour 2030. Sans avancées majeures lors de la COP16, les pays devront maintenant s’engager de manière unilatérale pour prouver leur progrès d’ici la prochaine COP17 en Arménie en 2026.
Conclusion : une volonté collective mais des progrès lents
Bien que la COP16 ait permis des avancées institutionnelles, comme la représentation des peuples autochtones et la création de nouveaux fonds, les objectifs mondiaux pour 2030 restent encore hors de portée. Les engagements financiers sont insuffisants, et la demande des pays en développement pour un fonds sous gouvernance onusienne demeure insatisfaite. Avec la prochaine COP17, les pays sont maintenant incités à intensifier leurs efforts unilatéraux pour rattraper le retard accumulé et donner une impulsion réelle à la sauvegarde de la biodiversité.
Eres Gestion s’engage à proposer des fonds labellisés ISR dans sa gamme de fonds.