Un mois contrasté
Difficile de tirer des enseignements généraux sur un mois de mai qui aura soufflé le chaud et le froid. Du côté du CAC 40, ce fut un mois compliqué qui s’est conclu par un repli de plus de 4%, sa moins bonne performance mensuelle depuis septembre 2022. Même constat pour les marchés émergents, et notamment asiatiques, qui ont fini en repli, effaçant même l’ensemble de leur progression sur 2023. Mais si on regarde du côté des valeurs technologiques américaines, le contraste est saisissant : le Nasdaq 100 a délivré une performance positive de près de 8% sur le mois. Et s’il reste encore un peu de chemin à parcourir à l’indice pour retrouver ses plus hauts de fin 2021, il affiche une progression impressionnante, supérieure à 30%, depuis le début de l’année.
MANGA
La raison de cette divergence tient en un nouvel acronyme : MANGA, pour Microsoft, Apple, Nvidia, Google et Amazon. Le club des entreprises technologiques américaines dont la capitalisation boursière est supérieure à 1000 milliards de dollars. Ces sociétés déjà gigantesques et en forte hausse depuis le début de l’année ont bénéficié à plein de l’engouement autour de la thématique de l’intelligence artificielle. Celui-ci a été suscité par des prévisions de résultat financier très supérieures aux attentes de la part de Nvidia. Cette société, qui fabrique des processeurs, s’attend à une formidable hausse de la demande pour les capacités de calcul nécessaires au fonctionnement des logiciels d’intelligence artificielle, suscitant l’enthousiasme des investisseurs : le titre a gagné 184 milliards de dollars au cours de la séance du 25 mai, établissant le troisième plus fort gain journalier jamais enregistré par une société. Ce qui nous amène à une situation de plus en plus paradoxale : si les indices boursiers sont en forte hausse depuis le début de l’année, seulement un très faible nombre de sociétés tire son épingle du jeu. Ainsi, parmi les 500 premières capitalisations boursières américaines, seules 123 (moins de 25%) font mieux que le S&P 500, du jamais vu depuis 2000, et moins de la moitié (229) ont une performance positive sur l’année. Les investisseurs l’ont bien compris et cherchent à s’adapter à ce nouveau paradigme : au cours de la dernière semaine de mai, ils ont acheté pour 8,5 milliards de dollars de titres du secteur technologique. C’est tout simplement le plus gros flux acheteur hebdomadaire jamais observé pour le secteur.
Récession surprise en Allemagne
Sur le plan économique, l’inflation continue à ralentir tout en restant à des niveaux très élevés sur un an, légèrement sous les 5% aux Etats-Unis et toujours au-dessus de 6% en Europe. Du point de vue de l’activité économique, le rebond attendu en Chine semble s’essouffler plus rapidement que prévu alors que la surprise principale est venue d’Allemagne : le PIB du pays s’est contracté de manière inattendue au premier trimestre selon les chiffres définitifs après un quatrième trimestre 2022 déjà négatif. Le pays est donc en récession technique. A ce stade, la contraction n’est pas suffisante pour avoir un effet significatif sur l’emploi et les autres pays européens ont, eux, continué leur marche en avant. Il reste donc à voir si cette mauvaise passe n’est qu’un accident de parcours ou si elle présage d’un environnement économique plus sombre pour les trimestres à venir.